C’est un phénomène connu des vapoteurs, depuis les débuts de la cigarette électronique. Il arrive que des fumeurs, qui n’ont pas l’intention d’arrêter de fumer, essayent de vapoter par curiosité. Certains finissent par arrêter de fumer naturellement, sans avoir décidé de le faire. Ce parcours n’avait toutefois jamais fait l’objet d’une étude scientifique sur un grand nombre de fumeurs. C’est maintenant chose faite grâce à une équipe du “Rosewell Park Comprehensive Cancer” de Buffalo aux USA, dirigée par la professeur Karin A. Kasza. L’étude a été publiée fin 2021 dans la revue Jama Network.
Peut-on s’arrêter de fumer sans en avoir le projet ?
L’équipe de chercheurs formule la question de cette manière : l’utilisation de la cigarette électronique est-elle associée à l’arrêt de la consommation de cigarettes chez les fumeurs qui ne prévoient initialement pas d’arrêter ?
Pour répondre, ils ont analysé les données d’une étude portant sur le tabac et la santé aux États-Unis, menée sur 5 ans, de 2014 à 2019. Dans cette cohorte, ils ont sélectionné 1600 les fumeurs sur deux critères : ils déclaraient ne pas avoir l’intention d’arrêter de fumer, et n’avaient jamais essayé de cigarette électronique. Les chercheurs commencent par constater que ces fumeurs ont en moyenne un niveau de scolarité et un revenu du ménage inférieur à ceux qui envisagent d’arrêter de fumer. Ils ont aussi tendance à fumer plus de cigarettes par jour :
- 20,5 % fumaient moins de 10 cigarettes par jour
- 29,2 % fumaient de 10 à 19 cigarettes par jour
- 37,6 % fumaient de 20 à 29 cigarettes par jour
- 12,7 % fumaient au moins 30 cigarettes par jour
Les résultats de l’étude : 28%
Durant cette période, certains fumeurs de la cohorte ont essayé la cigarette électronique, toujours sans avoir le projet d’arrêter de fumer. Leurs raisons étaient plutôt la curiosité, ou le fait de pouvoir “fumer” là ou c’est gênant (ou interdit). Par ailleurs, d’autres fumeurs ont finalement décidé d’arrêter de fumer. C’est là que l’étude révèle des chiffres intéressants :
- Parmi les fumeurs qui n’ont pas utilisé de vapoteuse, 5.8% avaient arrêté de fumer à la fin de l’étude.
- Parmi les fumeurs qui ont utilisé des cigarettes électroniques occasionnellement, le taux d’arrêt est le même.
- Parmi ceux, ceux qui utilisaient leur e-cigarette quotidiennement, 28% ont finalement arrêté de fumer.
Relativisons : ces fumeurs sont peu nombreux, ils représentent 0.4% de la cohorte. Le phénomène n’est donc pas massif, mais il est intéressant, et statistiquement significatif.
L’équipe conclut donc que oui, “l’utilisation quotidienne de la cigarette électronique est associée à une plus grande probabilité d’arrêter de fumer chez les fumeurs qui n’avaient initialement pas l’intention d’arrêter de fumer”.
8 fois plus de chance d’arrêter de fumer !
Dans la discussion des résultats de l’étude, les chercheurs montrent que les fumeurs qui ont utilisé leur vapoteuse quotidiennement avaient donc une probabilité 8 fois plus élevée d’arrêter de fumer, par rapport à ceux qui n’utilisaient pas du tout de vapoteuse.
Ils notent aussi que le fait de donner des cigarettes électroniques à des fumeurs sans intention d’arrêter débouche sur une réduction de la consommation de cigarettes, même s’ils n’arrêtent pas complètement de fumer.
Ils suggèrent donc, en s’appuyant aussi sur les résultats d’études antérieures, que le simple fait d’essayer la cigarette électronique, même sans intention de s’arrêter, crée un terrain favorable pour, finalement, décider d’arrêter de fumer.
Fumeurs, vapotez. Vous pourriez avoir une surprise
Cette étude atteste donc, plus scientifiquement, un phénomène connu chez les vapoteurs. La cigarette électronique n’est pas une recette miracle contre la dépendance tabagique. Mais elle se montre sacrément efficace, même chez des personnes qui n’avaient pas particulièrement l’intention d’arrêter de fumer au départ.
Ce résultat est à rapprocher d’une autre étude, britannique, qui montre que, pour des fumeurs qui n’arrivent pas à s’arrêter avec les méthodes classiques, vapoter avec une cigarette électronique est 4 fois plus efficace pour arriver finalement à s’arrêter.