Certaines fioles de eliquides annoncent contenir de la nicotine, et d’autres du sel de nicotine.
Est-ce qu’il y a une différence ? Est-ce que c’est mieux ? Comment choisir et pourquoi ?
D’où vient la nicotine de la vape ?
Elle est extraite des feuilles de tabac en la faisant réagir avec de la soude. Elle est produite pour fournir la matière première de certains insecticides, les fameux néonicotinoïdes, qui font du mal aux abeilles. Mais cette nicotine n’est pas utilisée directement pour la vape.
C’est l’industrie pharmaceutique qui prend le relais, en purifiant cette première extraction à 99,99%, pour en faire des patchs ou d’autres substituts nicotiniques : inhalateurs ou gomme à mâcher par exemple.
Les fabricants de eliquides s’approvisionnent alors chez ces laboratoires pharmaceutiques pour intégrer la nicotine à leurs eliquides.
Stop !
Il y a de la soude dans la nicotine de la vape ? Vraiment ?
Non, pas du tout. L’extraction est une réaction chimique avec de la soude, mais il n’y a plus de soude quand c’est fini. C’est comme le savon de Marseille : il est fabriqué en faisant réagir de la soude avec de l’huile d’olive. A la fin de la réaction, il n’y a plus d’huile ni de soude, mais du savon. Vous pouvez d’ailleurs en faire vous-même assez facilement, par exemple avec cette recette.
C’est donc cette nicotine “normale” purifiée qui est présente dans la grande majorité des eliquides nicotinés. On l’appelle nicotine base, ou freeBase en anglais. Elle est sûre, bien connue, et fonctionne bien pour aider les fumeurs à quitter le tabac.
Mais elle picote, plus que la nicotine des feuilles de tabac. Quand on vape avec un taux de nicotine important (12mg/ml ou plus), ça peut être agressif pour certains fumeurs.
Pourquoi la nicotine picote ?
Pourquoi picote-elle plus que la nicotine de la feuille de tabac, c’est pourtant la même chose ?
Oui et non : une molécule organique peut avoir plusieurs formes, avec des propriétés de base communes, et d’autres différentes.
La nicotine présente dans la feuille de tabac est légèrement acide, alors qu’une fois extraite, elle devientlégèrement alcaline.
Vous vous souvenez du PH ?
C’est l’indice qui permet de mesurer l’acidité ou l’alcalinité d’une solution. Un pH de 0 ou 1 est très acide (acide chlorhydrique par exemple), alors qu’un pH de 14 est très alcalin (ou basique, la soude par exemple)), Un pH de 7 est neutre. Si vous avez une piscine, vous essayez de maintenir son eau à 7.
- Dans le tabac, la nicotine a un pH de 6, voire 5.
- Dans un e-liquide, la nicotine base à un pH de 8.
Or, notre gorge apprécie une légère acidité, alors que les produits alcalins la picotent. C’est ce qui fait que la nicotine base (normale) picote plus la gorge que celle du tabac.
Comment diminuer ce picotement ?
C’est ce que certains fabricants de eliquides (américains au départ) ont cherché : en redonnant un ph plus acide à la nicotine extraite du tabac elle picoterait moins.
Ils ont trouvé comment faire, en la faisant réagir avec un acide, le plus souvent de l’acide benzoïque.
Après ce traitement, ils arrivent à un pH de 5 à 6, comme dans la feuille de tabac. C’est cette forme de nicotine qu’ils ont appelé “sel de nicotine“, nicotine salt en anglais.
Sel de nicotine, quelles sont les différences en pratique ?
Le sel de nicotine picote moins
C’est la principale différence et elle est importante : la nicotine sous sa forme “normale” donne du hit, que les vapoteurs apprécient parce qu’il donne des sensations familières. Mais, pour ceux qui ont besoin d’un fort taux de nicotine au début, pour leur sevrage, alors qu’ils ont encore la gorge irritée par la fumée, c’est parfois trop.
Le sel de nicotine lui, picote beaucoup moins. Un eliquide en 10mg/ml de sel de nicotine picote comme un eliquide classique en 3mg/ml. Un eliquide en 20mg/ml de sel de nicotine picote comme un eliquide classique en 6mg/ml.
Le sel de nicotine se vaporise à plus faible puissance.
C’est l’une des motivations des fabricants de sel de nicotine : en ayant besoin de moins de puissance, il devient possible de créer des cigarettes électroniques très petites puisqu’elles n’ont pas besoin de grosse batterie : ce qu’on appelle des pods. Autrement dit, les eliquides aux sels de nicotine ne sont pas appropriés à la vape en inhalation directe : ils doivent être utilisés en MTL avec une puissance de 10 à 12 watts, pour ne pas subir de symptômes de surdosage, maux de tête ou nausée par exemple.
Le sel de nicotine serait plus efficace.
Nous utilisons le conditionnel parce que ce fait n’a pas encore été suffisamment étudié scientifiquement. Beaucoup de vapoteurs qui ont essayé les eliquides au sel de nicotine, notamment en 20mg/ml, confirment que le hit est doux, et trouvent qu’ils arrivent plus vite à satiété. Certains, même, trouvent plus difficile de gérer leur consommation de nicotine avec le sel, ils témoignent du fait qu’ils se surdosent plus souvent.
Le sel de nicotine serait plus addictif.
Là encore, un conditionnel pour la même raison. C’est l’expérience des vapoteurs qui débouche sur cette hypothèse, qui semble fondée, mais reste à étudier avec une méthode scientifique.
L’intérêt du sel de nicotine
Les eliquides au sel de nicotine sont intéressants pour ceux qui, au début de leur arrêt du tabac, ont besoin d’un taux de nicotine important, mais qui n’apprécient pas son hit puissant.
Dans ce cas, il y a en effet deux solutions classiques, et le sel de nicotine en apporte une troisième :
- Tenir le coup et garder le eliquide avec le “bon” taux de nicotine pour ses besoins, en prenant le temps de s’y habituer.
- Conserver le eliquide à la nicotine normale, mais choisir un taux de nicotine inférieur, qui pique moins, le temps de s’habituer au hit, puis revenir au taux dont on a besoin.
- Adopter un eliquide au sel de nicotine, pour garder le taux de nicotine dont on a besoin, mais sans le hit fort, puis revenir à la nicotine classique, une fois habitué à la vape.
La limite du sel de nicotine
Sa principale limite, c’est justement son manque de hit. C’est un élément important du réalisme de la cigarette électronique : le picotement provoque une légère contraction du larynx au passage de la vapeur, qui fait partie du plaisir de vapoter et aide à s’éloigner de la cigarette de tabac.
Le faible hit du sel de nicotine peut être un atout au début, parce que certains fumeurs ont la gorge très sensible, irritée par la fumée de la cigarette.
Mais une fois la gorge soignée, en quelques jours ou semaines, les sensations peuvent être trop fades et peu satisfaisantes.
Par ailleurs, il semble plus difficile de diminuer son taux de nicotine avec le sel de nicotine. C’est la contrepartie de son efficacité plus importante, elle semble bien être plus addictive, comme celle de la cigarette.
C’est pourquoi les eliquides au sel de nicotines sont à considérer comme une solution transitoire, pas comme un choix à long terme.
En conclusion
Les eliquides au sel de nicotines sont une bonne solution transitoire quand on a besoin de forts taux de nicotine pour son sevrage, mais qu’on n’en apprécie pas le hit fort.
Après avoir passé cette étape, un retour à la nicotine normale est préférable, justement pour bénéficier du hit, qui est un élément important du plaisir de vapoter, une fois qu’on s’y est habitué.
Bonjour. Article très intéressant, mais souhaiterais faire un retour sur mon expérience personnelle. Je me suis mis à la cigarette électronique il y a deux ans, je suis partie directement sur du sel de nicotine pour me sevrer de la cigarette. Je suis resté 10 mois dessus en réduisant le taux de nicotine progressivement. Cela m’a permis d’arrêter la cigarette et même la cigarette électronique. Je suis resté sur le sel de nicotine car pour ma part, la nicotine standard me donnais ce hit que je déteste et du fait que le sel de nicotine rentre dans l’organisme plus rapidement, j’avais mon taux de nicotine immédiatement et du coup un effet de satiété qui me permettait de ne pas abuser de la cigarette électronique. Malheureusement, j’ai repris la cigarette bêtement un an apres mon arret, mais j’ai ressortie tout mon matériel et je refais la même que dans le passé,… Lire la suite »
Bonjour
Merci pour ton témoignage, particulièrement intéressant.
Il montre bien que, s’il y a des méthodes générales qui fonctionnent, chaque sevrage est un chemin personnel.
Question : comment fais-tu pour faire des taux de nicotine intermédiaires avec le sel (vendu soit en 10 soit en 20mg/ml) ?
Tu fais des mélanges avec des fioles en 0mg/ml ?